1.8.07

Trois infirmières en stage


Épisode n°3 : Le secret d'Anna (1)

••• Les bruits courent vite •••

Alain est encore quelque peu étonné par la tournure prise par les évènements depuis la fin du petit concert Schubert. Raisonnablement, rien ne pouvait laisser présager qu'Anna, la plus âgée des trois femmes, mère de deux enfants, une Hollandaise très distinguée mais réservée, infirmière en chef d'un grand établissement de soins privé d'Anvers, ait pu se laisser séduire sans grandes difficultés. Le plus surprenant est qu'elle ait confié à Alain que, contrairement aux apparences, sa vie était loin d'être gaie. Elle aurait même pu ajouter que sur le plan des plaisirs coquins, sa vie était plutôt d'une fadeur déconcertante.

Sur le chemin du retour Alain passe chez son libraire pour prendre comme à l'accoutumée le journal local. Il est reçu avec un accueil particulièrement décontracté, presque complice.

- Alors jeune homme, toute la ville parle de vous !
- De moi ?
- Oui, on vous a vu rentrer chez vous en compagnie de plusieurs femmes du nord.
- Ah bon !
- Trois femmes que vous auriez rencontrées au concert. Il paraît qu'elles sont plutôt jolies.
- Euh, oui... elles étaient en panne de voiture.
- Une panne sympathique ?
- Attendez, ce n'est pas ce que vous croyez...
- Je plaisante. À votre place j'aurais fait la même chose. Quand on est jeune il ne faut jamais louper une « bonne occase ».

Alain est particulièrement surpris. Hier soir, il n'a pas rencontré une seule personne dans la rue. Tous les volets étaient fermés et toutes les lumières éteintes mais les « on-dit » ont déjà fait le tour de la ville. Ce n'est pas bien grave. Si on veut le prendre pour le Don Juan des Don Juan, c'est le problème des autres, pas le sien.

En quittant le libraire, Alain réalise qu'il ne s'est pas rasé ce matin. Il a pris une douche avec Anna, mais sans plus. Cerise sur le gâteau, il ne s'est pas peigné. C'est vraisemblablement pour cette raison qu'un certain nombre de personnes le regardent dans la rue avec un sourire au coin de l'œil. En milieu de semaine, vers onze heures du matin, avoir une tête de fêtard mal réveillé attise les soupçons qui se transforment très vite en ragots. Dans ces conditions, il vaut mieux rester discret et ne pas aller prendre son petit café dans son bar habituel. Cela pour éviter de se faire harceler de questions par les piliers de comptoir qui, à cette heure avancée de la matinée, en sont déjà à leur deuxième ou troisième tournée de vin blanc bien sec et bien frais. C'est grâce à eux que les nouvelles se diffusent à l'extérieur aussi vite que l'éclair.

Alain décide d'aller faire ses courses chez des commerçants qu'il ne fréquente pas habituellement, pour éviter tout potin supplémentaire. Il doit acheter de quoi manger pour deux ce soir et en particulier le nécessaire à la communion sous les trois espèces : le vin rouge, le vin rosé et le vin blanc.

Gérer deux imprévus sentimentaux, agréables mais forts consommateurs de temps, n'est pas une tâche facile. Si la venue d'Anna ce soir vers onze heures au sortir de son hôpital pose peu de problème, il n'en est pas même avec le rendez-vous dans trois jours avec Inga à Béziers à cause des temps de déplacement.

La seule issue pour Alain est de réduire au maximum le temps consacré à la mise en forme de son rapport qui est à rendre dans moins de quinze jours. Il lui faut donc régler les problèmes de manipulation de disquettes. De vingt au départ, elles sont devenues trente-cinq au fil du temps pour tout un tas de raisons. Ce travail ingrat représente plus de la moitié du temps passé devant le micro-ordinateur. Cela fait partie des difficultés non étudiées qui n'arrivent en théorie qu'aux autres et que l'on doit gérer ensuite dans l'urgence. Sans parler, bien évidemment, des disquettes devenues soudainement illisibles alors que l'on vient de passer plusieurs heures de travail sur une partie délicate du texte.

Pour reprendre la maîtrise de son temps, Alain ne voit qu'une solution : envoyer un S.O.S. à ses amis du « micro-club », l'association des fans de micro-informatique de la fac de Sciences. Comme il y a des nouveautés et des changements tous les jours, ils auront sûrement une solution miracle à proposer. Alain téléphonera dès ce soir à l'un des responsables pour aller aux nouvelles.

Pour gagner un peu de temps, Alain prend la décision de sauter son repas de midi et de se rattraper ce soir avec Anna.

Il est déjà sept heures du soir. Devant l'écran vert de son ordinateur Alain ne voit pas le temps passer. Il a mal aux yeux. La couleur de l'écran ne lui paraît pas aussi reposante que l'affirme la publicité. Comme il a un petit creux et qu'Anna ne devrait pas arriver avant quatre bonnes heures, il décide de se prendre un petit bout de fromage italien, du Gorgonzola pour ne pas le nommer, accompagné d'un bon petit verre de rosé de Faugères bien frais. Comme le lui disait très souvent sa regrettée grand-mère : il n'y a pas de mal à se faire du bien. Et elle, le rosé bien frais, elle connaissait bien.

••• Le club micro-informatique •••

Tout en grignotant Alain passe un coup de téléphone à son ami François, vice-responsable du micro-club de l'université :

- Salut François, c'est Alain à l'appareil.
- Tiens un revenant... Salut Alain, quel bon vent t'amène ?
- Je t'appelle car j'ai besoin d'un sacré coup de main.
- Vas-y, je t'écoute...

Alain décrit à François avec forces détails les problèmes de manipulation qu'il a avec les disquettes, problèmes d'autant plus aigus qu'il a deux rendez-vous importants à assumer avec deux femmes qu'il connaît depuis peu. François réagit au quart de tour quand Alain lui dévoile que celle qui doit débarquer chez lui ce soir est en fait une infirmière hollandaise d'une quarantaine d'années, fort sympathique et plutôt bien bâtie :

- Dis donc, Alain, comment t'as fait pour draguer une vieille... et en plus infirmière... et en plus étrangère ?
- Euh... Pas grand-chose... C'est un vrai coup de bol.
- Tu sais que c'est mon grand rêve de dégoter une nana comme ça ?
- Si tu le dis.
- Alain, je te propose un marché.
- Ah oui, lequel ?
- Tu demandes à ta copine de me présenter une copine dans son genre et je te procure un disque dur pour quinze jours, même plus.
- Tu es sérieux ?
- Oui ! Un labo vient de nous apporter un monstre, un gros disque dur qui fait l'équivalent de soixante-douze disquettes et qui vient de dégager.
- Et alors, en quoi ça me concerne ?
- Alain, il n'a dégagé qu'en partie seulement. Il en reste encore les deux tiers. Le seul problème c'est qu'il n'est plus autonome, mais toi tu t'en fiches, tu n'en as pas besoin, puisque tu démarres sur une disquette.
- François, si tu étais une jolie femme, je te donnerais une grande claque sur les fesses pour te remercier
- Mais comme je ne suis pas une jolie femme, tu achètes une bouteille de « Champe » qu'on boira à quatre.
- Du Champagne pour quatre ?
- Oui, ta copine, sa copine et nous deux, ça fait quatre.
- Et si ma copine n'a pas de copine ?
- Tu te démerdes, tu fais le grand jeu. Je débarque chez toi pour t'installer le monstre demain en fin d'après-midi.
- Le monstre ?
- Et bien oui, il fait largement le volume d'une grosse boîte à chaussures et en plus il faut une carte spéciale pour le piloter... mais fais-moi confiance, je sais faire, j'ai tout pour l'installer.
- François, il faut bien qu'on soit d'accord, je ne suis pas du tout certain, mais pas du tout, de pouvoir te présenter la femme de tous tes fantasmes dès demain soir. Il faut peut-être me laisser plus de temps... et encore.
- Je plaisante, Alain, tu me présentes qui tu peux, quand tu peux, je suis libre en ce moment. Mais moi, dans tous les cas, je t'installe ton monstre estropié.
- Et bien, un grand merci et à demain.
- Ave François, comme disent les Romains, et merci de m'avoir appelé.
- Ave.

Alain est d'un naturel prudent, pour lui rien n'est gagné, mais les évènements évoluent dans le bon sens. La soirée de demain devrait être stratégique.

••• La petite robe jaune paille •••

Alain repense à Anna. Cette femme est surprenante, elle occupe une position sociale enviable, elle a des responsabilités professionnelles importantes et elle semble n'avoir aucun problème financier. Sur le plan physique, elle très élégante, sportive et plutôt bien bâtie, mais elle ne sait pas du tout embrasser et elle fait l'amour comme une collégienne débutante... et encore. Comment peut-elle accepter d'être la femme la plus cocue de l'hôpital ? Alain aimerait bien le savoir, mais il pense que c'est très délicat de poser ce genre de questions.

Anna doit être un peu comme ces femmes du début du vingtième siècle dont le rôle était de recevoir les parents, les amis et les relations de la famille, de faire des enfants, mais surtout de ne pas être les amantes de leur mari. Cela n'était pas socialement correct. À cette époque, on disait élégamment qu'il ne fallait pas mélanger les torchons et les serviettes. Ce qui ne posait pas de problèmes aux bourgeois un peu fortunés qui pouvaient s'encanailler dans les établissements spécialisés, avec une danseuse ou avec une demi-mondaine. Mais depuis les choses ont quand même bien changé, deux guerres et 1968 sont passées par là mais, semble-t-il, pas pour Anna.

Deux coups de sonnettes stridents sortent Alain de ses pensées. Qui peut sonner à cette heure-là ? Il est à peine huit heures. Alain se dirige vers l'interphone : c'est Anna qui est très en avance. Elle s'adresse à lui en anglais avec son accent très « vieille Angleterre » :

- Bonsoir, Alain, c'est Anna, je suis un peu en avance.
- Bienvenue, je vous ouvre. Appuyez fort sur la porte pour entrer.

Alain ne s'attendait pas à ce qu'Anna ait trois heures d'avance. Mais tout compte fait, c'est une bonne chose, il a suffisamment travaillé aujourd'hui et son ventre hurle encore famine, malgré la petite collation qu'il vient de prendre.

Alain ouvre la porte palière de son studio et aperçoit Anna en train de monter l'escalier. Elle est rayonnante. Elle est vêtue d'une petite robe jaune paille assez courte qui s'arrête à mi-cuisses et la rend craquante à souhait. C'est l'antipode de la femme de ce matin, une vraie métamorphose. Anna la femme discrète, presque timide, s'est transformée en quelques heures en « bombe à séduire ». Il va être difficile de passer inaperçu dans la rue ou dans un lieu public vu comme elle est vêtue. Alain en reste figé. Anna tout sourire parle en premier :

- Alors Alain, c'est votre travail devant votre « computer » qui vous a rendu muet ?
- Euh... non... c'est vous... que de changements... je ne vous voyais pas comme ça.
- Et cela vous empêche de m'embrasser ?

Alain fait entrer Anna dans le studio, prend son grand sac que certains dénommeraient un « baise en ville » et le pose sur la table. Anna en sort un paquet et se dirige vers le frigo pour l'y déposer :

- Nous le prendrons tout à l'heure. Pour l'instant, allons au restaurant, je meurs de faim, c'est moi qui vous invite.

Alain prend Anna dans ses bras et l'embrasse avec volupté dans son cou, sur ses joues et lui dépose un sage petit baiser final sur les lèvres. Anna fait semblant d'être surprise et s'adresse à Alain sur un ton particulièrement espiègle :

- C'est comme cela que les jeunes Français embrassent une femme aujourd'hui ?

Bingo ! Alain ne sait plus tout à fait ce qui se passe ou plus exactement ce qui c'est passé entre ce matin et ce soir. Il décide de reprendre la main.

Il approche sa bouche de la bouche d'Anna et commence à l'embrasser avec élan. La langue d'Alain part à la découverte de la langue d'Anna. Dans les premières secondes, Anna ne prend pas d'initiative mais suit, un peu comme une danseuse de tango qui fait corps avec son cavalier. Les quelques instants d'hésitations passés, la langue d'Anna se fait beaucoup moins attentive, pour devenir curieuse, puis franchement entreprenante.

- Anna, je ne vous savais pas si experte en « baiser à la française ».
- Je vous ai dit ce matin que je serai une bonne étudiante, c'est pour cela que j'ai préparé le cours.

Alain est pour le moins étonné :

- Préparé le cours ?... Et comment ?... Avec... avec un autre garçon ?
- Non rassurez-vous, je vous raconterai tout cela au restaurant.
- Ne me mettez pas tout de suite KO avec votre histoire.
- Allons, dépêchons-nous, je meurs de faim.

Alain pose ses deux mains sur les épaules d'Anna, la regarde droit dans les yeux et lui déclare sur un ton un peu ironique :

- Anna, avec votre tenue, vous me rendez complètement fou.
- Une simple petite robe vous met dans cet état-là ?
- Vous mettez souvent des robes super provocantes pour petites minettes de vingt ans ?
- Non, je n'ai aucune envie d'avoir des problèmes dans la rue.
- Ah, bon !
- C'est une de mes amies de travail qui m'a dit qu'avec une petite robe décolletée toute simple qui s'arrête à mi-cuisses, j'étais sûre de vous enflammer.

Alain commence à comprendre le pourquoi du comment. Anna a dû conter en détail à une de ses amies son aventure de la nuit dernière que certains qualifieraient de mésaventure. Son manque d'expérience visible dans les petits plaisirs de la vie en est la cause. C'est bien évident qu'elle n'est pas allée travailler, aucun doute n'est possible. Cela lui a laissé tout le temps de se confier, de prendre en retour tous les conseils féminins nécessaires, de faire ses achats de séduction et d'arriver avec trois heures d'avance. Alain est plus que satisfait de cette situation. Avoir un « ticket » aussi fort auprès de cette belle femme du nord le met d'une humeur particulièrement joyeuse :

- Eh bien, vous avez gagné, Anna. Mon seul problème c'est que cela me donne une furieuse envie de vous violer.
- On ne viole pas une femme qui déborde d'envie.

Anna a réponse à tout. Ce matin semble déjà très lointain. Alain a bien envie de mettre à l'épreuve cette femme visiblement regonflée à bloc :

- Est-ce que vous avez déjà eu sur vos jolies fesses une belle empreinte de main toute rouge et en relief.
- Vous voulez faire mal à une femme qui veut vous séduire... après vous avoir invité à dîner ?
- À une femme : non ! À une allumeuse : oui !

Anna marque quelques signes d'inquiétude. Elle ne sait plus exactement sur quel pied danser, ni surtout jusqu'à quel point son jeune étudiant est en train de plaisanter. Serait-il fâché par sa trop grande et trop soudaine décontraction ? Alain est ravi par la tournure que prennent les évènements. Il reprend sur un ton empreint de gravité, presque choqué, sur un ton de « pince-sans-rire » :

- Ne vous inquiétez pas, Anna, ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
- Un mauvais moment ?
- Non, un très mauvais moment...
- Un... un très mauvais moment ?
- Oui ! Mais après cela ira beaucoup mieux... surtout pour moi.
- Vous plaisantez ?
- Non ! Baissez votre petite culotte.
- Mais nous allons sortir pour manger.
- Baissez-la quand même.
- Je ne comprends pas à quoi vous voulez jouer.

Anna baisse sa petite culotte de manière un peu hésitante et gauche. Son attitude se fait beaucoup plus interrogative face à un Alain intérieurement aux anges qui arrive à conserver tout son sérieux, tout en lui lançant sur un ton presque sévère :

- Maintenant soulevez votre robe. J'ai envie de contempler votre beau petit cul d'allumeuse.
- J'ai peur de ce que vous voulez faire.
- La peur n'évite ni le danger, ni la punition.
- Soyez gentil, je ne veux pas avoir trop mal.
- Si tel est mon bon vouloir.

Alain donne une claque très sonore sur chaque fesse d'Anna, mais bien évidement sans excès. Anna apprécie ce jeu de séduction et répond à Alain avec un sourire radieux :

- Cette tape était très acceptable, vous êtes satisfait ?
- Moi, non ! Mais ma main, oui !
- N'oubliez pas de me consoler tout à l'heure.

Anna se frotte un peu les fesses, remonte sa petite culotte et se dirige vers la porte du studio :

- Anna, avant d'aller au restaurant, je veux vous faire un cadeau.
- Quel cadeau ?
- Laissez-vous guider, c'est la surprise.

Alain prend Anna par la main et la conduit devant la grande glace coulissante du placard. Il passe derrière elle et défait lentement la fermeture éclair de sa petite robe. D'un geste il la fait tomber par terre.

- Vous ne voulez pas attendre le retour du restaurant pour faire l'amour ?
- Qui vous a dit que je voulais faire l'amour avec vous maintenant ?

Alain passe délicatement sa main sur la poitrine d'Anna tout en l'embrassant dans le cou :

- Ce matin vous étiez une belle femme, ce n'est plus le cas.
- J'ai tellement changé ?
- Oui ! Vous êtes devenue magnifique et j'adore vos sous-vêtements.
- Je les ai achetés spécialement pour vous cet après-midi, ils sont assortis à ma robe.

Alain dégrafe le soutien-gorge d'Anna, sa poitrine est superbe, la dimension idéale pour satisfaire pleinement la main d'un jeune étudiant. Il enlève ensuite la petite culotte qui est plus que mini :

- Anna, vous devriez être gênée d'être toute nue devant ma glace quand je suis encore tout habillé ?
- C'est très exhibitionniste.
- Ce n'est pas fini, posez maintenant votre pied sur la chaise.
- Mais c'est très... très indécent ce que vous me demandez de faire.
- Indécent ou pas, faites-le quand même, ma belle Hollandaise.
- Mais que voulez-vous faire ?
- Comme ce matin sur le lit, un très gros bisou... « indécent » comme vous le dites si délicieusement avec votre petit accent.

Alain enlève sa chemise, donne un deuxième baiser passionné à Anna qui, cette fois-ci, participe plus qu'activement et sans aucune hésitation. Du bout des doigts il caresse le bas de son dos.

Pendant quelques instants, il profite du spectacle dans le miroir puis, en prenant son temps, il se met à genoux devant elle et avec sa bouche part à l'exploration du bas de son ventre pour descendre lentement, très lentement, vers ces parties beaucoup plus tendres où la peau est si douce et si soyeuse. La respiration d'Anna se fait déjà un peu plus forte. Alain caresse délicatement avec ses mains le bas du dos, les fesses et les cuisses de la femme qu'il est en train de conquérir.

L'intérieur intime des cuisses d'Anna ne peut plus cacher son empressement. En passant Alain donne quelques petits coups de langue sur son clitoris puis très doucement, commence à faire la connaissance de l'entrée de sa grotte d'amour.

Anna prend la tête d'Alain dans ses mains. Elle caresse ses joues, ses cheveux et sa nuque.

- J'adore, Alain, c'est tellement doux.

Au fur et à mesure de la montée de l'excitation d'Anna, Alain caresse ses fesses et ses cuisses avec plus de fermeté. Anna se met à soupirer de plus en plus fortement. C'est alors qu'Alain se relève et lui demande :

- Embrassez-moi maintenant... mais avec « indécence ».

Avec ce troisième baiser, la langue d'Anna prend toutes les initiatives. Pendant ce temps Alain effleure du bout des doigts le clitoris d'Anna, il n'est pas bien gros, mais Dieu qu'il a l'air sensible. Les mouvements très délicats au début se font ensuite plus appuyés. Quelques petites incursions de deux doigts dans la grotte d'amour d'Anna complètent le travail préparatoire à cette arrivée du plaisir. Dans ce moment si intime, Alain se remet à parler en français :

- Ton minou devient une vraie fontaine.
- Continue, Alain, continue.

Les bouts des seins d'Anna deviennent de plus en plus réactifs et de plus en plus durs. Anna se blottit dans le cou d'Alain, c'est une femme nature, elle n'essaye ni de cacher ses émotions ni de faire mentir son corps pour faire plaisir à son amant. Alain aime sentir le corps de cette femme qui se contracte, son ventre et ses seins qui durcissent et la chair de poule qui apparaît sur ses cuisses et sur fesses quand il les frôle du bout de ses doigts :

- J'adore quand une femme s'abandonne, lui dit Alain en français.
- Embrassez-moi et serrez-moi très fort avant que je jouisse, lui répond Anna dans son anglais savoureux.

La langue d'Anna repart en experte à la rencontre de la langue d'Alain. Son baiser est un tourbillon de bonheur. Elle voulait donner du plaisir à un jeune étudiant et c'est elle qui en reçoit au-delà de ce qu'elle imaginait. Une fois son plaisir abouti et son corps plus détendu, elle repose sa jambe par terre. Alain s'assied sur la chaise et la fait asseoir sur ses genoux, comme pour inverser les rôles. Anna passe ses deux bras autours du cou d'Alain, il la regarde droit dans les yeux et lui dit avec un sourire narquois mais plein de fraîcheur :

- Un à zéro !
- Que voulez-vous dire, demande Anna d'un air très surpris.
- Un petit plaisir à zéro. Vous me devez un petit plaisir, vous me le rendrez après le restaurant.
- Vous comptez toujours les « plaisirs » que vous donnez aux femmes ?
- Nous en reparlerons tout à l'heure.

••• Le restaurant •••

Anna et Alain quittent le petit studio. Anna passe en premier dans l'escalier. Alain la regarde, il n'en revient pas. Le simple fait de passer d'un tailleur un peu strict à une petite robe un peu courte avec un léger décolleté, mais sans plus et Anna se métamorphose en une autre femme. C'est vrai que cela met ses cuisses et sa poitrine particulièrement en valeur, mais il y a plus. En quelques heures, Anna a pris une assurance et un coup de jeune incroyable. Inga qui a pourtant dix ans de moins qu'Anna paraîtrait vieille à côté d'elle.

Alain ne s'est pas aperçu qu'il s'est brutalement arrêté en plein milieu de l'escalier. Il est tiré de ses pensées par Anna qui lui dit :

- Alain, arrêtez de penser à votre document, dépêchez-vous de descendre, j'ai très faim.
- Ce n'est pas à mon mémoire que je pense, mais à vous...
- ...
- ...et à vrai dire j'ai beaucoup plus faim de vous que du restaurant.
- Vous ne voulez plus aller au restaurant ?
- Si !
- J'ai beaucoup de choses à vous dire.

Et Anna de compléter :

- Dans mon pays on dit que « Le plaisir est plus fort pour les hommes patients ».
- En français on dit presque la même chose : « Le plaisir est plus fort à qui sait attendre »

Le restaurant n'est qu'à quelques centaines de mètres du studio. Alain prend Anna par l'épaule qui aussitôt le prend par la taille et se blottit contre lui :

- Alain, vous ne pouvez pas savoir comme je me sens bien ce soir.

Alain se met à sourire :

- Ça se voit. La femme un peu guindée est devenue rayonnante.
- Je vous plais ?
- Oui et pas qu'un peu. Si j'étais tout nu, vous le verriez de suite.
- C'est merveilleux, Alain, vraiment merveilleux.

Arrivés au restaurant, ils sont reçus par la sulfureuse patronne Madame Duriez qui les installe dans un coin tranquille sur la terrasse fermée, juste face au port. Elle jette de nombreux coups d'œil complices à son jeune client qui vient dîner tous les soirs chez elle. Il fait très bon, la température doit encore dépasser les vingt-cinq degrés. Alain fait un tour d'horizon du restaurant et découvre que lui ou plutôt Anna est le point de mire de la majeure partie de la salle qui en est déjà à la fin du repas. Les hommes sourient, les femmes ont un visage plus contrasté.

Anna prend place à la table. Alain en fait de même et lui déclare sur un ton un peu ironique :

- Si vous vouliez rester discrète, c'est raté. Tout le monde va savoir que je me suis fait allumer par une Hollandaise mariée et déchaînée.
- Comment voulez-vous qu'on sache que je suis mariée ?
- C'est tout simple, en regardant vos mains avec votre alliance et vos bagues.
- Alain, je vais vous surprendre : je m'en balance complètement.
- Pas autant que moi.
- Vous savez Alain, je suis très fière de mon coup. Mon amie m'avait garanti le résultat.
- Avec votre petite robe légère ?
- « Of course ».

Anna prend la main d'Alain et l'embrasse tendrement. Elle pourrait presque se passer de prononcer le moindre mot tellement ses yeux parlent pour elle. Avec son pied, elle veut toucher le pied d'Alain, avec son genou elle veut toucher le genou d'Alain, elle commence à regretter d'avoir invité son jeune étudiant français au restaurant. La seule pensée qu'il la désire sans pouvoir s'offrir à lui immédiatement lui provoque des douleurs d'anxiété et de contrariété dans le bas de son ventre. Ces douleurs, elle pourrait facilement les éradiquer dans le petit studio en faisant l'amour toute la nuit, sans jamais s'arrêter, sauf pour faire une petite pause Champagne :

- Alain, j'ai beaucoup trop envie de vous.
- Maintenant ?
- Oui, maintenant, et j'en ai même des douleurs dans le ventre.
- Des douleurs dans le ventre ?
- Oui, un peu comme si nous allions nous quitter.

Alain est surpris par cette déclaration d'Anna. Les affaires semblent prendre une tournure plus sérieuse qu'il ne le pensait. Il faut donc détendre un peu l'atmosphère :

- Voilà ce qui arrive quand on veut mettre le feu à un étudiant jeune et innocent qui a tout à découvrir de la vie : on s'enflamme avec.
- En français on dit : « tu es un faux cul ».
- Bravo Anna, lui répond Alain en français, tu commences à avoir du vocabulaire.

Alain part alors dans ses pensées sous les caresses d'Anna : « Anna doit certainement comprendre beaucoup mieux le français qu'elle ne veut bien l'avouer. Elle doit manquer de pratique, c'est tout ». C'est alors que réapparaît la sulfureuse patronne du restaurant pour prendre la commande. Alain conseille à Anna de choisir le menu à la sétoise avec une bonne bouteille de blanc ou de rosé pour accompagner le poisson et les encornets farcis. Anna veut absolument faire le repas avec du Champagne languedocien :

- Du Champagne languedocien ? Je ne connais pas, dit Alain
- C'est un vin de la région de Carcassonne, précise Anna dans un français hésitant.
- Mais c'est de la Blanquette de Limoux dont parle votre amie, reprend la restauratrice.
- Alors c'est parti pour une bonne Blanquette, bien fraîche, répond Alain.

Après plusieurs flûtes de ce vin de fête, Anna se sent beaucoup mieux, ses douleurs au ventre disparaissent complètement et sa joie retrouvée illumine son visage. Elle se met à parler de sa jeunesse et de ses études d'infirmières qu'elle a terminées quand elle avait tout juste vingt ans :

- Vous savez, Alain, bien après mon entrée dans la vie active, je devais encore demander à ma mère l'autorisation de sortir.
- Mais pourquoi ?
- La pression sociale et religieuse. Ma famille est très catholique, très pratiquante et très traditionnelle. Elle suit les positions de l'Eglise à la lettre, en particulier tout ce qui touche les relations avec un homme. La femme n'est pas maîtresse de son corps.
- Quand avez-vous pu profiter de la vie ?
- En fait, jamais. J'ai rencontré mon mari, il m'a épousée et nous avons eu deux enfants.
- Vous n'avez jamais eu de petit ami ou d'amant avant... ou après ?
- Si, vous ! Vous êtes le premier.

Anna porte la main d'Alain à ses lèvres et l'embrasse très tendrement, à la limite des larmes. Alain est très embarrassé pour répondre :

- Je ne sais pas quoi vous répondre, Anna.
- Ne répondez rien, je ne vous le demande pas. Je suis tellement heureuse de pouvoir vous en parler.
- Et qu'avez-vous fait après votre mariage ?
- J'ai repris mes études pour être cadre supérieur hospitalier, j'ai fait des stages dans différents pays d'Europe : en Angleterre et en France...

Alain est très surpris par cette dernière révélation :

- Vous, Anna, vous... vous avez fait un stage en France ?
- Oui, un stage de réanimatrice à l'hôpital Antoine Béclère à Clamart, une ville de la banlieue de Paris...
- Et le français ?
- C'était il y a une vingtaine d'années, je le parlais mieux qu'aujourd'hui.
- Et qui s'occupait de vos enfants pendant vos absences ?
- Dès mon premier enfant, ma grand-mère s'est installée chez nous. C'est elle qui les a élevés jusqu'à sa mort il y a déjà trois ans.
- Et l'école ?
- Mes enfants n'ont aucun problème, ils sont demi-pensionnaires dans une école religieuse, pour l'instant ils réussissent très bien dans leurs études.
- Cela fait beaucoup de points positifs.
- Pour les enfants, oui.
- Mais sur le plan professionnel et social, vous avez l'air aussi d'avoir une belle vie.
- Oui, au fil des ans mon mari et moi avons pris le contrôle directorial et financier de la clinique.
- Bravo.
- Par contre sur le plan de ma vie sentimentale, de ma vie de femme c'est... ou plutôt c'était un grand vide. Vous avez pu vous en faire une idée ce matin.

C'est avec un petit sourire en coin qu'Alain lui répond :

- Mais vous savez, cela s'apprend très vite... et à tout âge.
- J'ai quand même dû demander des « conseils » à mon amie française.
- Alors buvons un verre de Blanquette aux excellents conseils de votre amie.
- Et à mon amour de jeune professeur français qui a eu la politesse de m'écouter.

Après ses longues confidences Anna se lève, fait le tour de la table et embrasse Alain par derrière, sur la joue, puis très langoureusement dans le cou, avant de s'absenter quelques instants. La patronne, bavarde mais surtout curieuse, en profite pour venir discuter avec Alain :

- Vous l'avez rencontrée hier soir, à l'église ?
- Vous le savez déjà ?
- Un client vous a vus et les bruits circulent vite dans notre petite ville. Ici, vous savez, tout le monde se connaît.
- Force est de le constater.
- Votre conquête est une sacrée belle femme.
- Merci pour elle.
- Comme je pourrais être votre mère, je vais vous faire une confidence. Entre nous soit dit, de trente à quarante ans, c'est le plus bel âge de la femme. Vous auriez tort de ne pas en profiter, surtout qu'elle a l'air bien accrochée.
- Accrochée ?
- C'est visible, elle a le coup de foudre pour vous : elle vous dévore des yeux, elle vous embrasse la main et elle vous fait du genou. Beaucoup de clients ici aimeraient être à votre place.
- ...
- Et puis, ça ne devrait pas être si désagréable que ça pour une femme de prendre sa place.

Alain sait qu'à tout âge les femmes du sud sont particulièrement sensibles aux compliments et aux petits gestes de séduction. Il joue le jeu en répondant avec un air faussement offusqué :

- Madame Duriez !
- Je ne parlais pas pour moi... je parlais pour des femmes plus en rapport avec votre jeunesse... vous savez je suis déjà deux fois grand-mère.
- Ce qui ne vous empêche pas de rester une femme très... très féminine.
- Vous êtes gentil de me dire ça, mais je sais ouvrir les yeux, avec l'âge j'ai pris pas mal de rides et quelques rondeurs en trop.

Et regardant Alain avec un sourire complice mais sans illusion, elle poursuit :

- Mais c'est vrai que pour les petits plaisirs de la vie, je me débrouille encore pas trop mal.

Sur ces entrefaites Anna revient. Toute la salle la regarde, sa petite robe jaune paille à mi-cuisses ne passe pas vraiment inaperçue. C'est vrai que c'est une sacrée belle femme. C'est vrai aussi qu'elle a l'air bien accrochée, elle ne regarde personne dans la salle, pas même un simple coup d'œil de curiosité, toute son attention et tous ses regards sont pour Alain.

Tout d'un coup, à son passage, une femme d'une petite cinquantaine bien en chair et assez maquillée se met à crier et à injurier son mari, comme savent si bien le faire certaines « Mama » du sud :

- T'es avec moi ou avec la « pouffe blondasse » de la terrasse que t'arrêtes pas de reluquer ?

Et c'est aussi en « Mama » du sud qu'intervient de facto la restauratrice. Elle quitte comme une furie la table d'Alain et expulse cette femme et son mari presque manu militari. Heureusement pour elle, ils en étaient au café et avaient déjà payé leur addition. En se dirigeant vers leur table pour la débarrasser et faire disparaître toute trace de l'incident, elle lance à haute voix en prenant la salle à témoin :

- Ce genre de « peine à vivre » n'a rien à faire dans mon établissement.

Anna n'a rien entendu, elle se rassoit tranquillement à sa place et reprend ses confidences comme si de rien n'était :

- À partir de demain, je ne logerai plus à l'hôpital, mais chez la mère de mon amie. C'est une ancienne institutrice à la retraite. Le soir, elle va me donner des cours de conversation et de grammaire. Il me reste encore cinq semaines pour bien me perfectionner en français...

Alain lui sert une nouvelle flûte de Blanquette et l'interrompt :

- Et peut-être d'autres choses...
- Ne joue pas les jeunes coqs vantards, répond Anna en souriant, dans un français sans faute.
- Que de changements en quelques heures, vous me faites presque peur, lui répond Alain en anglais.
- C'est entièrement de votre faute, vous avez été le signal déclenchant.

Le dessert terminé, la note du restaurant réglée et la dernière flûte de Blanquette bue, c'est l'heure de rentrer. Alain prend sa conquête par la taille. Arrivés sur le quai du petit port, il explique à Anna qu'il aimerait même la prendre un plus bas, au niveau des deux magnifiques hémisphères que sa robe ne protège que symboliquement. Anna est d'accord sur tout, ce qui continue de surprendre Alain.

- Faites ce que vous voulez... il fait si beau... et je suis si bien avec vous...

Alain fait une grosse bise sur la joue d'Anna qui se retourne aussitôt pour prendre possession de sa bouche et lui donner un nouveau baiser enflammé. La passion d'Anna provisoirement retombée, Alain regarde au loin de l'autre côté de l'étang. La ville de Sète brille de mille feux et le mont Saint-Clair donne l'impression d'un dauphin qui se repose tranquillement sur des sables hauts. Il lui vient alors une idée très coquine :

- Je vais vous demander quelque chose de très... très « indécent ».
- Je suis déjà d'accord, Alain.

Alain commence à être irrité par ces accords de principe d'Anna. Il la saisit fermement par les deux épaules, la regarde droit dans les yeux et lui dit sur un ton plutôt vif, en français :

- Ah, non ! Attends au moins que je te demande ce que je veux, avant d'être d'accord avec moi.

Anna, pas du tout décontenancée par ce changement de ton, poursuit la discussion tout aussi calmement :

- Alors, dis-moi tout.
- Anna ! J'ai envie de faire l'amour avec toi, dehors, sur un banc, face à l'étang. Je connais un endroit discret où l'on ne risque rien.

Anna a parfaitement compris, elle prend quelques secondes pour réfléchir et bien travailler sa réponse :

- Il faut être un jeune Français fou pour faire l'amour dans la rue.

Et Alain de lui répondre lentement, en prononçant distinctement tous les mots :

- Anna, pas réellement dans la rue, sur un banc, dans un petit square, devant l'étang de Thau, en écoutant le clapotis des vagues, en regardant au loin la ville de Sète.

Alain s'interrompt quelques secondes avant de poursuivre :

- Il n'y aura personne pour nous déranger.
- Alors je veux être fou avec toi, mais embrasse-moi...

••• Le petit square •••

Il ne faut pas bien longtemps à notre couple atypique pour atteindre les bords de l'étang de Thau. Là, face à la berge, on peut apercevoir un genre de minuscule petit square avec un banc caché par des lauriers roses :

- Vous voyez, Anna, derrière cette touffe de lauriers roses, il y a un banc.
- Mais je ne vois rien.
- C'est normal, il est caché. Quand on s'assied dessus, on peut voir tout ce qui se passe aux alentours, par contre les promeneurs, mêmes quand ils sont près, ne peuvent voir que la tête de ceux qui sont assis. J'y viens quelquefois le soir pour prendre le frais et rêvasser en regardant l'étang et les étoiles.
- Sauf quand des promeneurs passent devant.
- Oui, mais nous les verrons venir longtemps avant... Au pire, à cette heure-là, il ne peut y avoir que quelqu'un qui sort son chien.

Anna et Alain arrivent devant ce banc en fonte massive d'un autre âge avec trois planches de bois, une en dossier et deux pour s'asseoir.

- Alors, ma belle Anna, comment trouvez-vous ce coin ?
- Suffisamment discret pour faire des choses... « indécentes ».

Alain s'assoit et Anna s'apprête à en faire autant :

- Avant de vous asseoir, un conseil, n'hésitez pas à enlever votre petite culotte.
- Déjà ?
- Oui, cela peut être utile. Ce mini bout de tissu est quelquefois gênant.
- Tu es coquin, lui dit Anna tout sourire, en français.
- Une chanson d'étudiants en médecine nous dit que les femmes aiment les coquins... surtout quand ils sont jeunes et beaux comme moi.
- Tu es vraiment un jeune coq vantard.
- Tu te répètes, Anna, tu te répètes.

Pour Alain le spectacle est torride. Devant l'étang, mais protégée de tout regard indiscret, Anna enlève sa petite culotte, tout en restant debout. Elle passe une première jambe, puis l'autre avec un tel naturel qu'elle donne l'impression de l'avoir fait toute sa vie. Elle ouvre son sac à main pour ranger le minuscule objet du délit et s'apprête à s'asseoir sur le banc à côté d'Alain.

- Ce n'est pas fini Anna, il vous reste encore quelque chose à enlever, lui signale Alain, dans un anglais très « sélect » et sur un ton autoritaire.
- Non, Alain, ne soyez pas fâché, mais je veux absolument garder ma robe sur moi.
- Votre robe, oui, mais pas votre soutien-gorge. Je ne veux aucune barrière, ni pour mes yeux, ni pour mes mains... ni pour mes lèvres.
- Alain, vous enflammez toujours les femmes avant de les aimer ?
- Disons que j'aime me conduire en « gentleman ».

Alain est surpris de voir la dextérité avec laquelle une femme sait enlever un soutien-gorge sans avoir à se déshabiller, au moins partiellement. Il défait son pantalon, baisse son slip et écarte les pans de sa chemise. Il est prêt à accueillir son amante. Les préparatifs intermédiaires lui semblent à cet instant superflus : son excitation est à son maximum et celle d'Anna ne l'est visiblement pas moins :

- Assieds-toi sur moi, face à l'étang, ma belle Anna.

Anna se retourne. Alain soulève sa petite robe et avec ses mains, la soutient pour qu'elle puisse s'installer confortablement sur lui. D'une main leste, elle guide son amant pour qu'il puisse la pénétrer facilement au plus profond d'elle-même. Alain apprécie cette chaleur, cette volupté et cette onctuosité. Il fait glisser les deux bretelles de la robe d'Anna qui ne s'y oppose pas. Ses seins sont à l'air. Il les saisit à pleine main, tout en embrassant son amante dans le cou :

- Caresse-toi doucement, ma Hollandaise chérie.
- ...
- Si tu sais faire ?
- Monstre, ça je sais faire.

Tout en lui mordillant le cou, Alain lui glisse dans le creux de l'oreille :

- Prends ton temps, fais durer notre plaisir.

Anna se caresse trop fort, elle martyrise son clitoris, elle n'en peut plus. L'excitation, l'ambiance, les interdits qui se brisent font qu'elle ne trouve pas la force d'attendre. Son trouble est tel que les mots en français ne lui viennent plus :

- Alain, serrez-moi très fort dans vos bras, je vais jouir.
- Non, pas tout de suite, patiente encore un petit peu, lui répond Alain à voix très basse et sur un ton très coquin en français.
- Non, je ne peux pas, je ne peux pas.

Tout le corps d'Anna est saisi de tremblements. Soudain, sans prévenir, à une vitesse et avec une souplesse incroyable, elle se lève, se retourne, se rassoit de face sur Alain et déchaîne son plaisir en l'embrassant avec une force, ou plutôt une brutalité inaccoutumée.

Alain est obligé de se protéger. La violence de la jouissance d'Anna est impressionnante. Son corps est en eau. Plusieurs secondes après, ses yeux sont encore révulsés, ses muscles sont le siège de tremblements et de contractions dont certaines restent très fortes, sa respiration peine à retrouver un rythme plus apaisé.

Alain a l'impression que toutes les frustrations accumulées par Anna au fil des années se sont concentrées et ont entraîné cette réaction à caractère explosif. Ce qui est certain, c'est qu'elle se souviendra longtemps de ce petit plaisir « indécent » qu'elle voulait partager avec son amant français sur un banc face à l'étang de Thau. C'est sur son ton de « pince-sans-rire » qu'Alain s'adresse à Anna qui s'est réfugiée dans son cou :

- Alors Anna, c'est un vrai séisme.
- Et vous ?
- Je suis encore vivant, mais ce n'est pas de votre faute.
- Pourquoi ?
- Si je n'avais pas de chemise, mon dos serait en sang.
- Oh, pardon, Alain...
- Et il s'en est fallu de peu que je perde dans ce combat épique un bout de ma langue et un morceau de mes lèvres. Vous êtes une vivace.
- Alain, je suis tellement désolée. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. Tout est venu si vite.

Voyant le trouble d'Anna, Alain décide d'enfoncer un peu plus le clou en prenant un air encore plus sérieux :

- Rassurez-vous, ce n'est pas grave, je prendrai mes précautions la prochaine fois.
- Des précautions, et comment ?
- En vous attachant solidement sur un lit.
- Je ne le ferai plus, Alain, je vous le promets.
- Mais ma belle Anna, quand je parle, il ne faut pas tout prendre au sérieux. Je ne faisais que plaisanter.
- Et... et votre plaisir ?
- Rien Anna, une fois de plus, il est passé à l'as.
- Je ne sais plus quoi dire.
- Anna, il n'y a rien à dire, il y a seulement beaucoup à faire. Le score est de deux à zéro.
- Je suis la zéro, je vous griffe et je vous mords au lieu de vous donner du plaisir... Je suis vraiment une mauvaise amante.

Anna n'est pas très loin des larmes. Alain décide d'arrêter immédiatement de parler avec son ton ironique qui déstabilise trop sa « mauvaise amante » et qui, pourtant, est plus belle que jamais.

Anna se lève. Alain en fait autant en retenant son pantalon. Il jette un petit coup d'œil circulaire à l'horizon, et personne n'étant en vue, demande à Anna en français sur un ton particulièrement coquin :

- Allonge-toi sur le banc.
- Comment ?
- Sur le dos
- Pourquoi faire ?
- Devine, femme déchaînée.

Pour Alain le spectacle est irréel, Anna s'allonge sur le banc, la robe relevée et les jambes pendantes de chaque côté. Cette vision lui redonne presque instantanément toutes ses forces. Au moment de s'allonger sur Anna, il rejette un petit coup d'œil pour s'assurer une dernière fois que personne n'arrive. Il peut à cet instant reprendre son travail d'amant violemment interrompu quelques minutes auparavant. Tout le corps d'Anna participe à la montée du plaisir d'Alain. Elle croise ses jambes derrière son amant pour s'assurer qu'il reste au plus profond d'elle-même, au plus profond de son corps de femme. Anna passe ensuite sa main sous la chemise d'Alain et caresse délicatement le dos qu'elle a endolori dans sa fougue.

C'est avec son corps entièrement prisonnier du corps d'Anna, sous un flot de baisers dans son cou, et en écoutant le clapotis des vaguelettes de l'étang qu'Alain peut enfin délivrer son plaisir au plus profond de l'intimité de sa si surprenante geôlière :

- Je crois que mon amante hollandaise n'est pas si mauvaise que cela.
- Alain, tu es un amour.

Anna ne parvient pas à cacher son bonheur. Elle vient de donner du plaisir à ce garçon qui la désirait tant : pour elle, pour son corps, parce qu'elle est femme, mais pas par intérêt. Elle regarde Alain dans les yeux, puis l'embrasse sur les épaules, dans le cou, sur les joues, elle ne sait plus où donner des lèvres. Alain est dans un petit nuage. Entre deux baisers, il arrive à lui glisser à l'oreille :

- Vous n'avez pas peur de tomber un peu amoureuse de votre jeune étudiant français ?
- Non, puisque c'est déjà fait.

Puis sans laisser à Alain le temps de répondre elle poursuit :

- Rentrons chez vous, j'ai envie de boire une coupe de Champagne languedocien.
- Je n'ai pas de Blanquette chez moi, par contre j'ai du vin blanc et du vin rosé, tous les deux bien frais.
- Moi j'en ai apporté en arrivant, et je l'ai rangée dans le frigo.

Anna se lève et tend la main à Alain pour qu'il en fasse autant :

- Allez, embrasse-moi et « let's go », conclut Anna en franglais.

À suivre...

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